Georgette Gosselin Doucet et Clément Doucet

95 et 91 ANS | LA PLAINE

 
 

Georgette Gosselin Doucet | 2021 | Portrait : Olivier Lamarre

Clément Doucet | 2021 | Portrait : Olivier Lamarre

 

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Quelques extraits…

GEORGETTE GOSSELIN DOUCET

« On ne s’est jamais couchés sans se raconter ce qu’il y avait à se raconter mon mari et moi. Quand les enfants faisaient quelque chose de « pas correct », ils me disaient « maman, ne le dis pas à papa ». Le soir sur l’oreiller, je le racontais tout le temps à mon mari. Clément ne disait jamais aux enfants ce que je lui avais dit. »

« Mon mari avait construit un très petit chalet sur le terrain à La Plaine en attendant que la maison soit bâtie. Nous habitions Montréal et venions passer les fins de semaine ici. Il y avait notre lit, un lit superposé pour les deux garçons et une « chaise » pour notre fille. Nous nous occupions de maman dans ce temps-là. Elle avait elle aussi son lit dans un coin du chalet. Nous étions à l’étroit. »

« Un soir que mon mari travaillait, j’étais en train de repasser. J’ai vu passer un jeune dans la rue avec un fusil dans les mains. Il pointait son fusil vers ma fenêtre. Je n’ai pas aimé ça. C’est un souvenir que je ne peux pas oublier. »

  

CLÉMENT DOUCET

« Ça n’a pas été facile de s’installer ici. Quand nous sommes arrivés au Lac André, il n’y avait rien. Trois ou quatre maisons. Il fallait vraiment vouloir avoir une maison. Ça prenait une bonne santé et être capable de passer à travers n’importe quoi. Fallait être malin. La chance que j’ai eu est que j’avais un bon emploi sur lequel je pouvais me fier. Nous avons bien vécu, nous avons mangé nos trois repas par jour. C’est beaucoup ça. »

« Ce terrain, nous l’avons payé 200 $. 100 $ « cash », 10 $ par mois. J’ai commencé à bûcher et je n’avais pas fini de payer. Je l’ai payé en un an. C’était un terrain en bois debout! Le bois n’était pas coupé, c’était que des arbres. J’ai défriché et j’ai bâti ma maison. J’ai tout buché ça moi-même avec une sciotte. Une dame du village, Madame Renaud, m’a déjà raconté qu’avant, tout ce qui était ici était inondé. Tu ne pouvais ni construire, ni faire des cultures. Rien ne se passait ici. »